Le mémoire infirmier, ou travail de fin d’études (TFE), est un exercice de réflexion, d’analyse et d’écriture qui marque la transition entre le statut d’étudiant et celui de professionnel de santé. La soutenance de son mémoire infirmier (TFE) représente alors l’aboutissement de ce parcours, un moment clé où l’étudiant expose sa réflexion et sa compréhension du soin. Il ne s’agit pas seulement de démontrer des compétences techniques ou scientifiques, mais aussi de mettre en mots une expérience humaine : celle du soin, de la rencontre et de la vulnérabilité.
À ce titre, les Nouvelles belges, avec leur richesse narrative, leur sens du réalisme et leur capacité à révéler l’humain dans toute sa complexité, peuvent devenir une véritable source d’inspiration pour le futur infirmier. Entre récit et réalité, la littérature offre un miroir au monde du soin, un espace pour penser, ressentir et mieux comprendre ce qui se joue dans la relation à l’autre.
1. La Nouvelle belge : un miroir de l’humain
La tradition des Nouvelles belges est profondément ancrée dans la description du réel et l’exploration des émotions humaines. Qu’il s’agisse des récits de Georges Rodenbach, de Marguerite Yourcenar, de Jean Muno ou encore d’Amélie Nothomb, la courte forme narrative privilégie souvent la densité psychologique, la tension morale et la confrontation à la condition humaine.
Ce genre littéraire, par sa brièveté et son intensité, condense des situations de vie fortes, souvent ordinaires mais chargées de sens : solitude, maladie, perte, espoir, solidarité… autant de thèmes que l’on retrouve au cœur de la pratique infirmière.
Lire une nouvelle, c’est entrer dans une vie en miniature. En quelques pages, l’auteur parvient à faire exister un personnage, une ambiance, une émotion. Cette approche peut inspirer le futur infirmier dans sa propre manière d’observer et d’écrire : apprendre à saisir l’essentiel, à donner sens à un détail, à rendre visible ce qui, souvent, reste tu.
Dans un TFE, où il s’agit souvent d’analyser une situation de soin vécue, cette sensibilité à la narration devient précieuse : elle aide à articuler les faits et les ressentis, à relier le vécu professionnel à une réflexion éthique et humaine.
2. L’écriture du soin : une forme de narration
Le soin est, à bien des égards, une histoire qui se raconte. Chaque patient porte un récit, chaque rencontre engendre une suite d’événements, de dialogues, de gestes, de silences. L’infirmier est à la fois témoin et acteur de ces histoires humaines.
L’écriture du TFE peut ainsi s’enrichir des techniques narratives propres aux Nouvelles belges : l’art du détail signifiant, la focalisation sur un personnage, la tension dramatique entre le visible et l’invisible.
Dans la narration de situation, par exemple, le futur infirmier est invité à décrire un moment de soin marquant. En s’inspirant de la forme courte de la nouvelle, il peut structurer son récit de manière à capter l’attention du lecteur, à faire ressentir les émotions, tout en menant une réflexion analytique.
Ainsi, l’étudiant ne se contente pas de rapporter un fait clinique : il construit une histoire du soin, où le patient devient sujet et non objet, où la relation prend forme à travers le langage. Cette dimension narrative participe à la professionnalisation du regard : elle apprend à voir autrement, à écouter, à comprendre au-delà des apparences.
3. De la fiction à la réalité : la puissance réflexive du récit
L’un des apports majeurs de la littérature est sa capacité à provoquer l’introspection. Lire une nouvelle belge, c’est entrer dans un univers où les personnages sont confrontés à des dilemmes moraux, des choix impossibles, des situations de détresse. Ces récits, même fictionnels, résonnent souvent avec les expériences du soin.
Le futur infirmier peut y trouver un écho à ses propres interrogations : comment réagir face à la souffrance ? Comment préserver son humanité tout en respectant les protocoles ? Comment accueillir la différence, la fin de vie, la parole du patient ?
La mise en parallèle de ces récits littéraires et de l’expérience de terrain ouvre un espace de réflexion éthique et existentielle. Elle permet de passer du “faire” au “comprendre”, du geste au sens. En cela, la lecture et l’analyse des Nouvelles belges peuvent nourrir la démarche de recherche du TFE, en apportant une dimension symbolique et culturelle au raisonnement scientifique.
La fiction devient alors un outil de formation : elle aide à penser la relation soignant-soigné, à appréhender les émotions, à cultiver l’empathie et la distance professionnelle.
4. L’imaginaire au service du soin
Le soin n’est pas seulement une action technique : c’est aussi un acte créatif. Chaque infirmier, dans sa pratique, doit inventer, s’adapter, improviser. De la même manière, l’écriture littéraire repose sur la création, la mise en mots d’un vécu intérieur.
Les Nouvelles belges rappellent que la sensibilité, l’imagination et l’émotion ne sont pas opposées à la rigueur scientifique, mais qu’elles peuvent l’accompagner et la renforcer. Intégrer un regard littéraire dans un mémoire infirmier, c’est reconnaître la valeur de l’imaginaire comme outil de compréhension du réel.
La lecture et l’écriture deviennent alors des actes de soin symboliques : elles permettent de mettre des mots sur ce qui blesse, d’exprimer ce qui ne se dit pas dans les protocoles, de partager une expérience humaine universelle.
Dans cette perspective, le TFE ne se limite plus à un exercice académique : il devient un espace de parole et de création, un lieu où la science rencontre la sensibilité.
5. Conclusion : relier l’humain par les mots
Entre récit et réalité, les Nouvelles belges invitent à une écriture du soin plus consciente, plus humaine, plus sensible. Elles rappellent que, derrière chaque geste infirmier, il y a une histoire, un visage, une émotion.
S’inspirer de ces récits, c’est apprendre à écrire le soin comme un acte de communication et de compassion. C’est aussi reconnaître que la formation infirmière ne se réduit pas à des savoirs techniques, mais qu’elle implique une construction identitaire et narrative : devenir infirmier, c’est apprendre à raconter, à écouter, à transmettre.
Ainsi, la littérature et le soin se rejoignent dans un même horizon : celui de l’attention à l’autre. Les Nouvelles belges, par leur réalisme poétique et leur humanité profonde, offrent au futur infirmier une source d’inspiration précieuse pour écrire — et vivre — son mémoire comme un véritable récit de soin.